Vient de paraître : "Pistes et impasses de l'évangélisation en profondeur", par l'abbé Jacques Nzir



L’entrée dans l’Année de la foi impose aux fidèles, aux pasteurs et aux théologiens de réfléchir sur les enjeux de la foi et de s’imprégner de la mentalité de ce que le pape Benoît XVI appelle « la nouvelle évangélisation ».
Nous avons jeté un regard rétrospectif sur le présupposé évident de la foi en RDC, en examinant l’état des lieux de l’enracinement du christianisme dans ce pays, en vue de stigmatiser les défis à relever.
Sur base de ces défis, nous avons risqué quelques suggestions audacieuses, dont certaines concernent la « catéchèse », école de la foi par excellence en Eglise.


L'auteur 



Né à Ipamu le 1er novembre 1958, Jacques-Marie NZIR Nyanga est prêtre du diocèse d'Idiofa en RDC. Licencié en théologie et docteur en catéchétique de l'Université Salésienne de Rome, il a assumé plusieurs responsabilités au diocèse d'Idiofa avant d'exercer la charge de Secrétaire de la Commission pour la doctrine de la foi à la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) pendant huit ans. Il est ou a été professeur associé à la Faculté de théologie de l'Université Catholique du Congo et professeur visiteur dans certaines institutions d'enseignement supérieur de Kinshasa : Institut Saint Eugène de Mazenod, Institut Supérieur des Sciences religieuses, Université Saint Augustin, sans oublier le Grand Séminaire régional Saint Cyprien de Kikwit. Il se trouve actuellement en séjour sabbatique dans l'archidiocèse de Messine, en Italie du Sud, dans l'île de la Sicile. Membre de la Société Internationale de Théologie Pratique (SITP), il est auteur de plusieurs articles dans le domaine de la catéchèse et de l'éducation de la foi.
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L’orée dans l’Année de la foi impose aux fidèles, aux pasteurs et aux théologiens de réfléchir sur les enjeux de la foi et de s’imprégner de la mentalité de ce que le pape Benoît XVI appelle « la nouvelle évangélisation ». Saisissant l’opportunité, nous avons tenté d’apporter, tout au long du présent exposé, notre modeste contribution aux réflexions qui s’élèvent çà et là comme une symphonie de la foi autour des enjeux et défis de notre époque et du contexte ecclésial. Pour ce faire, nous avons jeté un regard rétrospectif sur le présupposé évident de la foi en RDC, en examinant l’état des lieux de l’enracinement du christianisme dans ce pays, en vue de stigmatiser les défis à relever. Ce volet a constitué la première partie de la présente étude. Après avoir passé en revue les principaux paradigmes définis par l’épiscopat pour régenter l’harmonie de la foi et de la pastorale d’ensemble pour cette Eglise particulière, nous avons tenté, dans un modeste examen critique, de relever les ombres, les impasses et les lumières de cette action évangélisatrice, avant d’ouvrir quelques pistes servant de perspectives d’avenir.
Nous appesantissant sur ce volet, optant pour une réflexion sur les causes internes qui ralentissent l’enracinement du christianisme sur le sol congolais, nous avons tenté de passer au crible les paradigmes proposés par la hiérarchie locale. Ces causes, à notre humble avis, peuvent être ainsi résumées : problèmes de la triple compétence (pédagogique, spirituelle et organisationnelle), déficit dans l’inventivité, ainsi que la carence des ressources matérielles. Sur base de ces défis, nous avons risqué quelques suggestions audacieuses, dont certaines concernent la « catéchèse », école de la foi par excellence en Eglise.
Par ailleurs, étant donné que la catéchèse est non seulement un moment de l’évangélisation mais aussi et surtout sa médiation essentielle par laquelle s’éveille, se dilate et se consolide la foi, nous avons étudié attentivement la question de l’éducation de la foi dans le contexte actuel de pluralisme culturel et religieux. Il s’est agi, dans cette deuxième partie, de traiter de la problématique de l’acte catéchétique sous l’optique non statique mais dynamique, tonique et progressive. Partant de certains fléaux ou apories qui rongent l’action catéchétique au Congo, nous avons circonscrit tant les lacunes méthodologiques que le contexte de pluralisme religieux qui mettent en péril l’être chrétien de nos fidèles. Et poussant plus loin la réflexion, et faisant appel à une sentence de Tertullien, nous nous sommes mis à l’évidence qu’on ne naît pas chrétien, qu’on n’est pas chrétien, mais qu’on le devient.
Tout compte fait, la conception de l’éducation de la foi sous le profil du devenir chrétien nous a ouvert les perspectives du caractère tonique et dynamisant, progressif et missionnaire de la catéchèse comme formation chrétienne jamais complètement terminée en cette vie. Parmi les causes primaires du piétinement et du balbutiement de l’acte catéchétique en contexte congolais, nous avons dénoncé, entre autres choses, le fait de confiner la catéchèse à l’enfance et de la penser abusivement comme une simple préparation aux sacrements, réservée à l’enfance. Par contre, penser positivement l’acte catéchétique comme formation à la maturité de la foi, c’est reconnaître qu’être adulte est un processus et non un état. Loin de cramponner les chrétiens à un évanouissant présupposé de la foi professée, notre acte catéchétique devrait s’inspirer du principe selon lequel quiconque ne s’instruit plus n’évolue pas non plus. La foi étant non seulement don de Dieu, grâce, mais aussi et surtout intelligence, capacité de comprendre les choses de Dieu, sous peine de s’atrophier intellectuellement et spirituellement, les chrétiens devraient se prêter volontiers à l’instruction catéchétique, et les opérateurs pastoraux, faire preuve de zèle et de passion tous azimuts pour la catéchèse.
Ainsi, la tâche de l’acte catéchétique, sous l’optique du devenir chrétien, exhorte à une sérieuse remise en question, voire à un réajustement du langage en rapport avec le contexte du pluralisme culturel, médiatique et religieux actuel qui semble trouver chrétiens et pasteurs impréparés.
En d’autres termes, la réflexion sur l’acte catéchétique ferait mieux, d’une part, de rappeler l’exigence de redécouvrir le chemin de la foi, et d’autre part, de penser la foi non plus seulement comme un présupposé évident du vivre en commun[1], mais davantage comme le nouveau critère d’intelligence et d’action qui change toute la vie de l’homme[2].
Ce faisant, pasteurs et chercheurs pourront éviter de se préoccuper davantage pour les conséquences sociales, culturelles et politiques de l’engagement des chrétiens. Au contraire, ils devraient se soucier des défis actuels du manque de foi, de la négation du présupposé de la foi, voire de la crise de foi qui touche de nombreuses personnes. Pour ce, dans une approche de maïeutique, ils devraient penser à inventer des mécanismes susceptibles de renouveler la catéchèse pour la rendre plus efficiente et plus efficace pour atteindre ses objectifs de porter à sa maturité la foi des personnes et des communautés. Penser de cette manière, c’est créditer et valoriser l’acte catéchétique comme activité essentielle, primordiale et prioritaire de l’Eglise en ces temps de la nouvelle évangélisation et de la redécouverte du chemin de la foi.
A tout prendre, nous avons suggéré le réajustement régulier des objectifs et des méthodes de la catéchèse, pour que d’une part, celle-ci ne navigue plus à vue, et que d’autre part, elle soit plus organique et inventive. Ainsi, l’inculturation et la contextualisation peuvent devenir des pistes royales susceptibles de porter la catéchèse en particulier et l’évangélisation en général vers la réalisation de la double finalité de l’acquisition des mentalités de la vie de foi chez les fidèles ainsi que de la poursuite de la sainteté et de la perfection, perceptibles dans la cohérence entre la fides quae creditur (foi professée) et la fides qua creditur (foi vécue).
De cette façon, moyennant une attention particulière à la catéchèse, s’ouvriront de nouvelles pistes susceptibles de contourner les impasses actuelles de l’être ou du devenir chrétien, et l’évangélisation en profondeur en terre congolaise pourra relever le défi majeur de l’enracinement effectif du christianisme dans ce pays.









[1] Cf. Motu proprio Porta fidei, n° 2.
[2] Cf. Ibidem, n° 6.



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